Quand l’histoire entre Allemands et Français a-t-elle commencé ? Au temps de Hermann le Chérusque – plus connu sous le nom d’Arminius – et de Vercingétorix ? Certes, les Gaulois et les Germains n’étaient pas encore des Français et des Allemands, loin s’en faut. Néanmoins, dès cette époque se forgèrent les premières différences culturelles entre les peuples de part et d’autre du Rhin. Le premier épisode de la série « Chers ennemis » part à la recherche des origines des deux peuples et se termine en compagnie de Charlemagne, le « père de l’Europe ».

À peine le royaume de Charlemagne vient-il de se disloquer, les chemins des ancêtres des Français et des Allemands se séparent, et ceux-ci se disputent l’hérédité de l’empereur franc. Malgré tous les conflits pour les titres et le pouvoir, au Moyen Âge, Allemands et Français ont davantage de similitudes que de différences. De part et d’autre du Rhin, le petit peuple souffre sous le joug de l’ordre féodal strict ; les guerres et la peste ne connaissent pas de frontières. Allemands et Français s’affrontent : en Terre sainte pendant les croisades, ou contre les Anglais, comme pendant la bataille de Crécy. En tout cas, si ennemi héréditaire il y a, ce sont les voisins mal aimés sur leur île qui l’incarnent!

Les Temps modernes ouvrent un nouveau chapitre de l’histoire franco-allemande. Une longue course à l’hégémonie sur le continent s’amorce entre les dynasties des deux peuples, à laquelle vient s’ajouter la Réforme : celle-ci sépare et unit Allemands et Français au-delà des frontières. Partout en Europe, des guerres de religion font rage, certains seigneurs affrontent leurs propres subordonnés. L’empereur allemand perd de l’influence dans son empire au profit des souverains qui gagnent en indépendance. Le roi des Français, en revanche, gagne du pouvoir et de l’influence : le rideau s’ouvre sur le règne de Louis XIV, le « Roi Soleil ».

Tous les regards sont tournés vers Louis XIV et son château de Versailles ! Sous le règne du Roi Soleil, la France devient un modèle pour les souverains dans toute l’Europe, même sur les territoires allemands. Néanmoins, cette image rayonnante se ternit lorsque le Roi Soleil attaque brutalement ses voisins pendant la Guerre de la Ligue d’Augsbourg. Mais du côté allemand aussi, il y a des fauteurs de troubles qui mettent à l’épreuve les relations entre les deux peuples. Même si Frédéric le Grand est passionné d’art de vivre à la française, il mène une guerre contre la France. Ironie du sort, c’est précisément une maîtresse du roi de France qui se révèle être l’une de ses adversaires les plus tenaces : Madame de Pompadour.

Lorsque les Français prennent la Bastille le 14 juillet 1789, l’engouement pour la « Grande Révolution française » est grand parmi les intellectuels allemands. Le désenchantement s’amorce avec le règne de la Terreur et la guillotine. Les rangs des passionnés s’étiolent, puis les Allemands se détournent, horrifiés. La francophilie se transforme en francophobie. Puis Napoléon Bonaparte monte sur la scène internationale. Il est à la fois vénéré et détesté. Par sa soif de pouvoir et ses innombrables guerres, il précipite les Allemands dans une nouvelle ère. Contre son gré, il contribue à faire naître la nation allemande.

Napoléon est vaincu. Au Congrès de Vienne, les princes européens tentent de remonter le temps. Néanmoins, les nouvelles idées de liberté et de démocratie ne se laisseront pas étouffer durablement. Alors que de nombreux Allemands se retirent dans leurs salons Biedermeier, les Français remontent sur les barricades en 1830. Pourtant, en territoire allemand aussi, la rumeur gronde : les valeurs d’unité et de liberté font de plus en plus d’émules. Le mouvement national allemand est avant tout un mouvement étudiant. L’un de ces jeunes révolutionnaires n’est autre que Heinrich Heine. Il traverse les frontières et voit la vague révolutionnaire atteindre enfin l’Allemagne en 1848, après avoir touché la France.