Où sont nos navires ?

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la flotte marchande française est détruite à 60%. D'abord avec l'aide des « Liberty Ships », ces cargos « à tout faire » construits dans la plus grande urgence aux Etats Unis durant le conflit, puis avec la résurrection de nos chantiers navals, la France retrouve en 10 ans le rang qui était le sien avant la guerre. Après la reconstitution et la reconstruction de notre marine marchande s'ouvre, de 1955 à 1975, la période faste du « Temps des Marins ». En 1959 -qui marque une apogée-, le nombre de navigants au commerce est de 43 550. Ouessant, Etel, Paimpol, Moëlan : ce sont des cantons entiers de Bretagne qui naviguent au long cours. Cependant, la fin des colonies et les débuts de l'automatisation dessinent quelques nuages dans ce ciel des Trente Glorieuses.

La tempête a sans doute commencé avec le premier choc pétrolier d'octobre 1973, mais la date est toute symbolique. Toujours est-il que les vents contraires de ces années-là dispersent notre marine marchande au point qu'à la fin des années 90 on ne saura plus très bien « où sont nos navires ? »... Première victime de cette tempête : le paquebot France ... La France est aujourd'hui la 27 ème puissance maritime mondiale, les jours meilleurs sont derrière nous. Il ne reste plus qu'un « dernier carré » comprenant quelques armateurs, quelques officiers et quelques bateaux navigant avec le pavillon français à leur poupe. Néanmoins, les officiers français formés dans les quatre établissements qui composent l'Ecole Nationale Supérieure Maritime sont très recherchés. Tant que l'on formera des marins, il y aura toujours l'espérance d'une marine française et l'on pourra toujours se poser la question de savoir « Où sont nos navires ? »...