Gérald Thomassin, la malédiction de la fiction

null: Gérald Thomassin, enfant de la DDASS, découvert lors d'un casting sauvage, voit sa vie chamboulée par son premier rôle au cinéma dans Le Petit Criminel, qui lui vaut un César du Meilleur Espoir en 1991. Pourtant, le cinéma, qui l'a choisi lui et pas un autre, devient vite une malédiction : c'est sur un tournage qu'on lui proposera de goûter à la cocaïne, porte d'entrée vers une vie de toxicomane ; c'est parce qu'il a joué des criminels qu'il devient le coupable idéal du meurtre de Catherine Burgod à Montréal-la-Cluse en 2008 ; c'est parce qu'il a l'habitude d'endosser des rôles qu'il joue au coupable, s'apitoyant sur la tombe de la victime ou mimant le crime ; c'est parce qu'il est acteur que l'affaire Burgod devient feuilleton national. Quant à sa disparition en 2019 à Nantes, elle donne de la profondeur à un personnage où la frontière entre fiction et réalité est définitivement trop mince. Ce que le cinéma a cassé, le cinéma doit réparer. Si le septième art a fait dévier la course de la vie de Thomassin, en l'instituant acteur non-professionnel, c'est à des acteurs non-professionnels eux aussi que j'aimerais faire appel pour retracer son parcours, son enfance dans la cité des Courtillières à Pantin, son adolescence en foyer à Buc dans les Yvelines, jusqu'à sa disparition à Nantes, sans oublier les rives du lac de Nantua où s'est scellé son sort de criminel. L'occasion de comprendre que le cinéma a une responsabilité immense quand il décide de sortir un corps du réel pour en faire un acteur sur le grand écran.