Dès le début du XVIIIème siècle le développement en Grande Bretagne d'une nouvelle économie « industrielle et commerciale », portée par le textile, chasse des campagnes des dizaines de milliers de petits paysans et de tisserands indépendants. Pour survivre ils doivent désormais travailler contre salaire dans des usines où seul compte le profit. Ces nouveaux ouvriers, surexploités et réduits à un simple rouage, sont comme abasourdis par le choc. Désorganisés, il faudra pratiquement une génération pour qu'ils commencent à prendre conscience de leur place dans la société ; et une autre génération encore pour qu'ils inventent leurs propres formes d'organisation et de lutte.
Contrairement à l'Angleterre la France a fait sa révolution industrielle au ralenti, sans les grandes usines du « Factory System », sans exode rural massif, sans destruction brutale du tissu artisanal : sa classe ouvrière est un ensemble hétéroclite de petits artisans vivant en ville. C'est dans ce milieu, bousculé par les crises et le développement économique, que vont naître les théories socialistes et révolutionnaires les plus radicales du XIXème siècle, celle de Fourier, de Proudhon, de Blanqui, de Cabet, l'inventeur du « Communisme ». Autant d'idées nouvelles que l'allemand Karl Marx, exilé à Londres et tenant d'un socialisme scientifique, traite d'utopies.
« La guerre du matériel », reposant sur une organisation rationnelle et planifiée de la production, prépare le terrain aux nouvelles techniques de « management scientifique » venues d'Amérique : travail à la chaîne, taylorisme et autres mesures de « rationalisation », toutes violemment combattues par les ouvriers qui refusent d'être asservis à la « loi du chronomètre ». Les mouvement ouvriers ont un nouveau pôle d'attraction : la révolution Russe qui éclate en 1917. Un vent de révolution souffle alors sur l'Europe et vient balayer des gouvernements archaïques pour laisser place à de nouveaux régimes.
À partir de 1939, l'Allemagne, victorieuse en Pologne, aux Pays Bas, en Belgique, et en France, transforme les ouvriers de l'Europe occupée en esclaves du XXème siècle. Cela va du « travail obligatoire » pour ceux des pays de l'ouest, les plus favorisés, aux « travaux forcés » pour les « sous-hommes » slaves, et pire encore, à « l'extermination par le travail », décrétée pour les juifs et les tziganes. Après la défaite de l'Allemagne, les partis de gauche arrivent au pouvoir dans les grands pays européens, permettant la mise en place de réformes cruciales à l'instar de la Sécurité Sociale, du Smig ou encore du droit de vote des femmes.