Grain de sable
1903, dans le désert du Sahara. La France, en traçant une frontière entre l'Algérie et le Maroc dans le désert du Sahara, a rencontré un obstacle sur son chemin : l'oasis de Figuig. La ville-palmeraie millénaire, qui a été une des plaques tournantes du commerce saharien, se trouve à l'endroit exact où tombe le couperet. L'oasis est enclavée, et coupée en deux. Les conflits créés par cette frontière ne se sont jamais apaisés : après l'indépendance marocaine, ils ont été à l'origine de la Guerre des Sables entre le Maroc et l'Algérie. Et début 2021, le conflit frontalier renaît de ses cendres, et il est toujours actif actuellement. Mais la rupture n'est pas que géographique : la frontière a également tracé un trait entre deux générations, et mis fin à des millénaires de transmission orale. Aujourd'hui Figuig est devenue une impasse. Elle est enclavée, oubliée : se meurt-elle, au fur-et-à-mesure que disparaissent ses Anciens ? Boualem, décédé à 104 ans, était une des mémoires de l'oasis. C'est aussi mon grand-père. Et un jour avant de mourir il m'a attrapé la main, et m'a raconté Figuig. C'est chargée de cette parole, de la mission de parler avant que cette histoire ne disparaisse, que je me lance dans la création de ce documentaire.