Empreintes

Depuis bientôt quarante ans, Patrick Modiano séduit la critique et le public à travers un parcours romanesque particulièrement dense, qui compte près de trente volumes, dont La Place de l’Etoile, Rue des Boutiques Obscures, Une jeunesse, ou encore Dora Bruder. Hantée par la période de l’occupation, son œuvre est dominée par les thèmes de la disparition, de la perte et de la quête d’identité, du mystère qui se dissimule sous l’apparente banalité des vies anonymes. A travers ses grandes émissions populaires, Apostrophes, Bouillon de culture, Bernard Pivot a accompagné Modiano depuis ses débuts. Au fil du temps, une véritable relation de confiance s’est établie. C’est donc fort de ce lien privilégié que Bernard Pivot nous emmène à la découverte d’un écrivain réputé pour son extrême discrétion, mais qui laissera, à coup sûr, son empreinte sur notre époque. Dans ce film qui mêle à la fois promenade dans l’espace et le temps d’une œuvre, portrait intime et Mémoires d’une vie, Patrick Modiano se prête au jeu de la caméra avec un abandon et une intensité auxquels ce personnage secret ne nous avait pas habitués.

Etienne-Emile Baulieu a eu trois vies et trois noms. Né Etienne Blum à Strasbourg, il est le fils d’un grand médecin alsacien qui disparut alors qu’il n’avait que 3 ans et demi. Combattant dans le maquis en Haute-Savoie, il devient Emile Baulieu, puis Etienne-Emile Baulieu à la libération. Médecin comme son père, il va très vite s’engager dans la recherche, avec un sujet auquel il consacrera sa vie de chercheur : les hormones. Avec ses découvertes sur la DHEA et surtout la pilule RU 486, il est devenu mondialement célèbre, sans jamais s’enrichir. La cause des femmes et la lutte contre le vieillissement ont été les deux combats de sa vie. A 80 ans il continue chaque jour passionnément, et bénévolement, ses travaux dans le laboratoire de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre qu’il a créé. Ce film est plus qu’un portrait, il est un regard lucide sur une vie de chercheur et une vie de combats.

Liberté – Egalité - Fraternité... Identité On connaît Césaire comme l’un de ceux qui ont inventé la « Négritude », dont la visée était de penser une nouvelle ère de l’histoire, qui soit véritablement celle de tous les humains, dépassant ainsi la servitude et le colonialisme. On connaît Césaire dans l’histoire littéraire comme l’un des compagnons de la révolution surréaliste : André Breton ne l’appelait-il pas avec admiration le « Nègre fondamental »? Et en Martinique même, tout le monde connaît le grand « petit homme » : il a su rester aux côtés de son peuple pour améliorer au jour le jour ses conditions de vie concrètes : pendant un demi-siècle, il fut le Maire attentif de Fort de France et représenta en outre les siens au Palais Bourbon, à Paris, pendant la même période. Ce film retrace ainsi le parcours de toute une vie, consacrée à une oeuvre immense, littéraire et poétique. Mais c\'est aussi un témoignage pour le futur : recueillir les paroles du « sage » afin qu’elles puissent se perpétrer et se transmettre comme au temps de l’oralité Africaine si chère à Aimé Césaire. « Mon peuple… quand cesseras-tu d\'être le jouet sombre au carnaval des autres... »

Une belle leçon de vie et de courage… Callian 2007 : sous une tonnelle ensoleillée, Sœur Emmanuelle, à l'aube de son centenaire, revisite avec humour et sérénité son destin exceptionnel au service des plus humbles. Des bidonvilles du Caire où elle a vécu durant plus de vingt ans aux plateaux télévisés qui ont fait sa célébrité, Sœur Emmanuelle, avec son franc-parler, emporte l'adhésion. Avec des mots simples et justes, elle nous fait partager sa vision du monde. Elle nous dit que le rire et la chaleur humaine transcendent les malheurs, que les religions sont des jardins secrets, que la ténacité peut faire des miracles, que la mort et l'éternité peuvent se rejoindre dans « un grand abîme d'amour ». Belle leçon de vie et de courage qui réchauffe les cœurs et donne de l'ardeur pour continuer tous les combats de la vie.

Un épicurien sympathique et volontiers provocateur. On connaît le Claude Chabrol bon vivant, provocateur, incapable de résister au plaisir d'un bon mot, d'une pitrerie… Claude Chabrol, l'enfant libre démasque l'homme privé derrière l'homme public. En redécouvrant Sardent, le village creusois, creuset de sa famille, où il résida entre 1939 et 1945 loin de ses parents demeurés à Paris, Claude Chabrol se remémore sa vie d’alors, ses passions pour la littérature, le théâtre et déjà le cinéma. Se révèle alors un esprit indépendant, profondément marqué par cette période de troubles, coïncidant avec celle de la sortie de l'enfance, un temps dont son cinéma rend compte notamment dans son côté sombre et sa traque inlassable de l'obscurantisme, l'hypocrisie, la bêtise. On comprend alors mieux le paradoxe entre cet homme jovial et débonnaire et une oeuvre cynique et tranchante. « Ce qui m'intéresse beaucoup au cinéma, c'est de faire passer l'émotion par la réflexion, par la compréhension des choses. »

L'homme d'une seule passion : la justice. Robert Badinter incarne des valeurs de rigueur morale, de conviction et d’exigence unanimement reconnues. Elles forcent le respect et affleurent en permanence dans ce portrait. Tissé au fil des mois, alternant séquences tournées sur le vif, images d’archives et entretiens tournés dans l’intimité, le film révèle la cohérence d’un homme dont les engagements trouvent en partie leurs origines dans le drame d’une jeunesse heureuse brisée par les horreurs de la guerre. Eternel amoureux du droit et de la justice, Robert Badinter, plein d’une sage humanité, continue à se battre : abolition universelle de la peine de mort, amélioration des prisons, nouvel ordre juridique international... Déjà auteur d'un film sur Robert Badinter, L’abolitionniste, Joël Calmettes a recueilli les confidences, souvent émouvantes, d'un défenseur acharné des victimes et de ceux que la vie laisse, parfois, au bord du chemin. « C'est un rare privilège dans une vie d'homme de voir triompher une juste cause pour laquelle on a beaucoup lutté. »